La vie politique en France prend de bien curieux chemins, le RN, parti d’extrême droite, se retrouve au centre des débats majeurs qui agitent le pays. Une inquiétante dérive. D’abord la question de l’antisémitisme.

 La situation au Proche-Orient a entraîné sur notre sol une recrudescence des actes antisémites. Ces actes sont odieux, il faut y réagir, les combattre. Pour cela le retour à l’histoire, notamment celle de la période de la Seconde Guerre mondiale, s’impose. Un devoir de mémoire essentiel dans la formation des jeunes générations. Or, voilà que le message est brouillé, le RN, ex FN  parti fondé par des anciens des Waffen SS (Pierre Bousquet), dont l’ancien président J.-M. Le Pen a multiplié des prises de position antisémites, s’invite dans les récentes manifestations contre l’antisémitisme, voire les organise, comme à Perpignan. On a même pu voir sur un plateau télé des rescapés de la Shoah, ou des antinazis notoires comme les Klarsfeld, se réjouir de la participation du parti d’extrême droite aux manifestations contre l’antisémitisme, et même jeter l’opprobre sur celles et ceux qui, à gauche, s’interrogeaient sur leur participation. Comment comprendre ? On atteint là le summum de la banalisation, une forme de réhabilitation. Qu’y a-t-il derrière cela, une volonté de recomposition politique ? En tout cas, le signe d’un immense recul des idées progressistes.

Curieusement, dans la même période, les appels au cessez-le-feu, à l’arrêt du massacre des civils palestiniens ont eu un bien moindre écho médiatique…

Autre exemple de ce brouillage (Médiapart parle à juste titre de « perte de repères ») la loi Darmanin sur l’immigration, et, notamment, les ajustements qu’elle vient de connaître au Sénat. La majorité de droite dans cette enceinte s’est acharnée à durcir au maximum les dispositions déjà pas vraiment tendres de départ. Ce qui faisait dire à une militante associative que cette session du Sénat s’était révélée comme un « défouloir raciste ». Pas besoin du RN, donc, la droite peut faire pareil. Le résultat ? Encore et encore la diffusion du poison des idées de racisme, de xénophobie, d’exclusion.

Des jeux dangereux pour la démocratie.

N. G.