LE TRAVAILLEUR CATALAN


Michael Gorbatchev, transformé en « rideau déchiré ».

Disparition

Le décès du dernier dirigeant de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, a provoqué une grande émotion. Analyse d’une catastrophe annoncée.

Mikhaïl Gorbatchev nous a quittés le 30 août dernier. Il fut celui que les communistes français ont appelé avec affection Gorbi. De très nombreux articles, élogieux, mitigés ou rageurs se sont déversés dans la presse et les médias, et c’est la moindre des choses quand on sait qu’il a signé la fin d’un monde, l’URSS, pays né de la révolution bolchévique d’octobre 1917. Le pays du drapeau rouge s’est vite transformé en « rideau déchiré », pour reprendre le titre d’un célèbre film d’Hitchcock. En effet, l’expérience socialiste de l’URSS a été asséchée après la disparition de Lénine par ce qu’on a appelé à juste titre le stalinisme. On peut aujourd’hui affirmer que de dernier a préparé, à terme, le retour à un capitalisme ultra-libéral brutal et frustrant pour les peuples qui ont constitué cet immense pays avec des conséquences ténébreuses pour l’évolution de l’humanité. Sa durée ? 69 ans (du 30 décembre 1922 au 26 décembre 1991). 

Pari tenu et perdu

Comme l’a écrit très justement Francis Wurtz dans l’Humanité, il « suscita chez bien des communistes français… un immense espoir : celui d’une rénovation en profondeur du socialisme soviétique dont le déclin tous azimuts sous l’ère Brejnev avait fait dire à Enrico Berlinguer qu’il avait perdu sa force propulsive. » À l’époque, le délabrement de la société soviétique était tel qu’il permettait aux USA et à l’OTAN de pousser leurs pions le plus loin possible au point de ne pas permettre une expérience de réorientation de la société soviétique. L’étau d’un complexe militaro-industriel sclérosait cette société, sous le contrôle d’un parti qui s’était fondu avec l’État. Dans le même temps, il prouvait, par sa fuite en avant désastreuse en Afghanistan, son incapacité à gérer sérieusement une aide aux mouvements d’émancipation face à l’agressivité de l’impérialisme de l’époque, enfermé qu’il était dans de mauvais calculs géopolitiques. 

La mauvaise farce

Malgré ce contexte, Gorbi a mouillé sa chemise en avançant sur le terrain du désarmement nucléaire, en donnant une image d’espoir positif et pacifiste aux peuples de l’Ouest. Il a laissé une fenêtre ouverte sur une conception du socialisme garante de l’épanouissement individuel et collectif sans avoir eu le temps de la mettre en pratique. L’Occident avait choisi les conditions de son élimination. Ce qui fut fait et prépara ce que nous vivons aujourd’hui avec Vladimir Poutine. Pour confirmer la mauvaise farce capitaliste, Francis Wurtz cite Bertrand Badie : « Mikhaïl Gorbatchev fut humilié par le G7 tenu à Londres en juillet 1991 et qui avait mis à l’ordre du jour l’aide à apporter à Moscou… la plupart des Chefs d’État et de gouvernement… s’entendaient pour garder l’essentiel de leurs moyens financiers… en faveur de son probable successeur, Boris Eltsine. »

Yvon Huet

Source l’Humanité : Interview de Gorbatchev de 1986, Articles de Francis Wurtz, Vadim Kamenka, Andreï Gratchev et Bernard Frédéric

 
Cet article est en lecture libre. Pour avoir accès à l'ensemble du site, merci de vous connecter ou vous inscrire

ARTICLES EN LIEN