Collioure
Le festival Piano à Collioure, avec, cette année, des incursions à Banyuls et Saint-Génis-des-Fontaines, a confirmé son attachement à la rencontre entre générations de pianistes.
L’idée force du festival Piano à Collioure initié par l’association Les amis d’Alain Marinaro, est inchangée : un concours et des concerts. Le premier met en lumière de jeunes talents, les seconds font entendre des artistes renommés, également membres du jury du concours. Une confrontation toujours féconde.
Cette année concouraient une jeune fille et quatre garçons, trois d’entre eux tout juste âgés de 17 ans. Un concours en deux temps, d’abord un programme choisi, sauf une œuvre contemporaine imposée. À l’issue de cette étape, ont été retenus trois candidats qui ont ensuite affronté une autre épreuve, les mêmes deux mouvements du Concerto Jeunehomme de Mozart, la pianiste Adeline Pondepeyre leur donnant la réplique au piano « orchestre ». C’est la jeune hongroise Ildiko Rozsonitz, 16 ans, qui a raflé le premier prix Alain Marinaro et le prix du public, Martin Jaspard, 17 ans celui de l’interprétation de l’œuvre contemporaine.
Merveilleuse d’expressivité et de finesse musicale, le choix d’Ildiko s’imposait dans un cru 2022 de très haut niveau. C’est toujours très émouvant d’assister à l’éclosion de talents, à ces artistes en devenir témoignant, si jeunes, d’une maîtrise impressionnante.
Parmi les grands moments du festival, les concerts des pianistes, membres du jury.
Hortense Cartier-Bresson au square Caloni
Pour ce concert au bord de l’eau, la pianiste avait mis Brahms et Schubert au programme. Grande pédagogue elle s’attachait à illustrer l’inspiration viennoise des deux compositeurs.
Alba Ventura
Formidable découverte, la Barcelonaise Alba Ventura, est un tempérament. En l’église de Collioure, par une chaleur intense, elle déroulait avec fougue et intelligence un programme basé sur des sonates de Scarlatti, qu’elle intercalait avec des pièces de Haydn, Clementi, Brahms, Clara et Robert Schumann. Elle montrait ainsi la filiation entre ces compositeurs. Dès qu’elle pose ses doigts sur le clavier, la magie opère, elle joue comme en dansant. Médusé par ce feu follet, cette énergie phénoménale, le public retient son souffle.
La Catalogne magnifiée par Albert Attenelle
Depuis quatre-vingts ans au piano (il a commencé à 6 ans), Albert Attenelle, à Banyuls, a magnifié la Catalogne. La Suite Cerdanya de Déodat de Séverac fut pour beaucoup une véritable découverte. Bel hommage à ce compositeur trop oublié. De Frédéric Monpou, les Variations sur un thème de Chopin furent traitées avec la rigueur et la passion d’un maître. Granados, inévitable, était mis à l’honneur au plus haut degré, avec ses Escenas Romanticas. Une superbe rencontre entre amis.
Vittorio Forte donnait un récital à l’église de Saint-Génis-des-Fontaines, nous n’avons pu y assister mais savons qu’il a également suscité l’enthousiasme du public avec un répertoire entre Gershwin et Rachmaninov.
Yvette Lucas et Nicole Gaspon