Depuis le 1er janvier 2025, l’ensemble des bénéficiaires du RSA (Revenu de Solidarité active) sont automatiquement inscrits auprès de France Travail. Un contrat d’engagement doit désormais être signé entre le bénéficiaire et l’agence avec 15 heures d’activité pour continuer à bénéficier du minima social. La mesure devrait augmenter de 1.8 millions le nombre d’inscrits.
Interview de Christelle Lara, secrétaire régionale de la FSU Emploi et déléguée syndicale au sein de France Travail.
Quelle est la situation au sein des agences de France Travail dans le département ? Comment l’organisation et les agents seront-ils impactés par la réforme ?
La reforme concernera environ 25 000 personnes dans le département. Cela inclura d’ailleurs l’allocataire du RSA et éventuellement, le conjoint qui ne travaille pas, ce qui est d’ailleurs pointé par la Commission Nationale des Droits Sociaux qui la considère comme une mesure contraire aux droits humains. Aujourd’hui environ un tiers des bénéficiaires du minima social sont déjà inscrits à France Travail. Les autres sont censés être inscrits progressivement jusqu’à 2027. Ce qui d’ailleurs n’est pas réalisable par rapport à nos ressources dans la mesure où nous sommes l’un des départements les plus pauvres de France avec un taux de chômage de 12% en moyenne (8% en France) avec des portefeuilles entre 150 – 200 allocataires suivis par conseiller en moyenne (50-70 allocataires en France). La réforme accroitra encore davantage la charge de travail avec par exemple pour le site de Saint-Assiscle 4200 allocataires supplémentaires sachant que dans tout le département nous sommes que 382 agents. La direction des agences reste dans le flou et mise sur les solutions de contact à distance (mise en place d’une ligne verte téléphonique) et un recours massif à la sous-traitance (180 millions d’€ de prévus pour les prestataires de suivi), en espérant ainsi éviter un afflux massif dans les agences. En même temps qu’il y a plus de bénéficiaires, l’Etat projette de supprimer 500 postes via son Projet de loi de Finances.
Quel est le but de cette réforme, selon vous ? Surtout dans le contexte actuel de ralentissement économique et de coupes budgétaires.
Pour le gouvernement, en dehors du travail, l’individu n’a pas d’utilité sociale. Cela permet également de faire pression sur ceux qui ont du travail. À partir du moment où on met beaucoup de travailleurs corvéables sur le marché, on fait pression sur les salariés pour avoir de la main d’œuvre bon marché. De toute façon, ce qui nous est demandé aujourd’hui c’est du court terme, c’est de contraindre les allocataires à reprendre le travail le plus proche sans accompagnement derrière.
Propos recueillis par S. J.