LE TRAVAILLEUR CATALAN

Façade nord du Téatros des Canal (centre d’art moderne) à Madrid (Espagne). Design du bâtiment réalisé par Juan Navarro Baldeweg en 2008.

Culture. Du 5 au 14 mars 2021, ce festival unique rassemblera une sélection inédite d’artistes internationaux travaillant dans l’univers de la culture numérique.

Inauguré en 2009, les Téatros del Canal est un complexe moderne équipé des dernières nouveautés technologiques. L’espace se compose de trois grandes salles pouvant accueillir chacune de 200 à plus de 700 spectateurs .Des spectacles, des performances et une exposition la « Maquina Loca » (machine folle), composée de 21 installations artistiques et technologiques, installée dans les espaces communs du complexe théâtral, surprendra durant une dizaine de jours, avec ses spectacles et ses performances. Des tables rondes et des ateliers seront organisés pour les publics de tous âges.

Entre art, science et technologie, 10 jours de danse, de théâtre, de débats, d’ateliers et d’installations seront proposés au public.

Tientos al Tiempo, Pablo Valbuena et Patricia Guerrero – Espagne

Cette première édition est une rencontre inédite avec la culture numérique.
A l’intersection de l’art avec la science et les nouvelles technologies, se jouent les questions sociales et sociétales.
Pendant plus d’une semaine, Madrid va devenir la capitale de la technologie scénique la plus avant-gardiste.
Durant 10 jours, neuf spectacles du monde entier seront proposés à tous les publics. La grande exposition « Maquina Loca » comprendra 21 installations disposées dans tous les espaces vacants afin d’optimiser les lieux avec des scènes virtuelles, échangeant ainsi le quatrième mur pour la quatrième dimension.

Canal Connect ouvre le dialogue et le débat sur la façon dont la société hyper-technologique voit les arts : des créations nous immergent dans la poésie de tout ce qui est technologique, dans les possibilités numériques offertes à la chorégraphie, dans le changement de rôle que subit le spectateur sur une scène immersive.
Des investigations plus poussées portent sur la manière dont les outils 2.0 ont transformé notre façon de créer et sur l’impact de la robotique, de l’intelligence artificielle et du Big Data sur notre développement en tant que société.

Love Synthétiser, Anasia Franco Los Amoros – Espagne

Dans le monde d’aujourd’hui, Charles Carcopino, Commissaire de l’exposition la « Maquina Loca », répond à quelques questions sur ces nouvelles technologies.

L’évolution exponentielle de la technologie se fait elle au détriment d’un monde devenu fou ?

« L’humanité est aujourd’hui face à de grands défis : dérèglement climatique, explosion démographique, épuisement des ressources naturelles…. Si le progrès technologique représente de multiples formes d’espoir, encore faut-il qu’il soit guidé par une conscience philanthrope et non par des intérêts individuels. La vitesse du progrès technologique accélère la société entière, qui selon Paul Virilio, semble toujours en retard sur la technologie qu’elle peine à réglementer.

Stanza Nernesis Machine – Ukraine

Les machines, incarnations du progrès technologique, mais aussi prolongation du corps et de la conscience de l’humanité, peuvent-elles l’aider à relever ces enjeux ou au contraire vont-elles précipiter sa chute en se substituant à elle comme le prévoyait Ricardo dès le début du XIXème siècle et Marx par la suite ? »

L’Homme aurait-il donc enfanté un monstre qui le dévore ?

« Ces questions plus actuelles que jamais ont été posées par le visionnaire Charlie Chaplin dans « Les Temps Modernes » dès 1936. Dans ce film, Charlot, pauvre travailleur d’usine se fait littéralement avaler tout entier par la machine produit d’un système devenu fou par la recherche de rendement…
Aujourd’hui, l’ère de l’intelligence artificielle annonce de grands bouleversements, elle surpasse déjà les capacités humaines dans de nombreux domaines. Le célèbre astrophysicien Steven Hawkins nous a alerté que son développement pourrait être à la fois le plus grand événement de l’histoire de l’humanité mais également l’ultime.

Surveillance Speaker Drie Depooster – Belgique

Le monde entier est aujourd’hui structuré par des algorithmes, de plus en plus complexes, autonomes et intrusifs. Le « Big Data », cet univers infini en croissance exponentielle et ressource première d’intelligences artificielles, se nourrit des données personnelles de milliards d’utilisateurs plus ou moins conscients de leurs contributions à ce qui les phagocytent. Dans ce magma, s’alimentent et prospèrent de nouvelles formes de propagandes intelligentes, qui traquent et ciblent les milliards d’utilisateurs de réseaux sociaux. Nous entrons donc peut être dans l’ère de la Post-vérité (selon Steve Tesish), qui favorise la montée des conspirationnismes et va jusqu’à menacer le cœur même des processus démocratiques.

Malgré les progrès de la recherche, notamment dans le domaine du vivant, qui suscitent beaucoup d’espoirs, un climat anxiogène s’installe partout et galvanise les collapsologues en donnant à notre présent des allures de dystopie futuriste.
Par ailleurs le pouvoir de fascination qu’exercent les technologies par le biais des réseaux sociaux et du design semblent capter une partie grandissante de l’attention des humains, devenant à la fois sa prothèse mémorielle, mais aussi le prolongement de son corps et de sa conscience.

Le rêve des machines 2014-2021 – Grégory Chatonsky – France

L’épreuve de la pandémie à laquelle le monde est soumis aujourd’hui, en nous privant des rapports sociaux en réel, a encore accéléré la virtualisation des contacts entraînant inévitablement une déshumanisation de nos vies.

L’exposition « Máquina Loca » est un véritable parcours incarné de 21 installations d’artistes internationaux qui met en scène les particularités, les paradoxes et la poésie d’une époque bouleversée par son rapport à la technologie. Les machines et les sentiments qu’elles génèrent, entre peur et admiration ont fondamentalement transformé notre relation au monde et sont une source intarissable d’inspiration pour les artistes. »

Blanca Li , Directrice de Téatros del Canal

Artiste internationale, chorégraphe reconnue dans le monde entier, Blanca Li dirige les « Téatros del Canal » depuis 2019 et crée des programmes artistiques combinant des productions classiques et inédites à la fois sur les scènes traditionnelles du théâtre mais également sur l’ensemble des scènes de toute la Communauté de Madrid.

« Faire des Teatros del Canal une référence pour les arts du spectacle en Espagne et en Europe. Non seulement les artistes nationaux et internationaux viennent, mais aussi les spectateurs internationaux. Un lieu d’expositions et de créations multidisciplinaires, un lieu de rencontres entre les artistes et les publics. Un espace d’échange, tolérant et réfléchi, une scène vivante du XXIe siècle. » Blanca Li.

Téatros del Canal, Calle de Cea Bermùdez, 1 Madrid.

 
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