Top 14
En se défaisant de Montpellier (20-25), l’USAP est quasiment sauvée. Le MHR vers la Pro D2.
Le soleil n’avait pas pu pénétrer au GGL Stadium de Montpellier. Comme de nombreux Catalans, il n’avait pas eu accès au code mis en place par le duo Altrad-Laporte et sa bande pour empêcher les visiteurs, en trop grand nombre à leurs yeux, d’envahir l’austère stade montpelliérain. Vous avez dit austère ? Pas lorsque les joueurs de l’USAP sont sur sa pelouse et que ses tribunes sont, pour une fois, copieusement garnies, mais surtout colorées de sang et or.
Le plus beau public de France, d’après les spécialistes du rugby, a patienté bien sagement près d’une heure avant de franchir le contrôle aux portes du stade. Il est vrai que faire entrer 4 000 ou 5 000 (nul ne le saura jamais!) supporters catalans dans un stade pas habitué à une telle affluence n’est guère aisé si les organisateurs n’y sont pas entraînés. Cela aurait pu tourner à l’émeute. Mais non ! Les supporters, même s’ils avaient fait la cargolade, parfois bien arrosée, avant le match, restaient paisibles. En nombre inhabituel pour des spécialistes (?) du ballon ovale qui ne savent pas que l’USAP c’est dans les gènes des Catalans. L’amour de l’USAP se transmet de père en fils. C’est une religion en Pays Catalan et on va à Aimé-Giral (le temple qui fut par la suite surnommé la cathédrale) comme certains vont à l’office. Combien de supporters se privent de pas mal de choses pour s’offrir l’abonnement au stade ou un déplacement pour encourager leur club de cœur. Quelle équipe peut déplacer 60 000 supporters comme lors de la finale 98 au stade de France ? Cet engouement interpelle forcément les médias parisiens peu habitués depuis fort longtemps à ce genre de transhumance. Même les joueurs sang et or restent médusés devant une telle ferveur. Crispés en début de match jusqu’à louper l’entame.
Sereins malgré la pression
Une première mi-temps des Catalans médiocre, voire mauvaise. La pire depuis des semaines. La pression des joueurs de l’USAP voyant ces oriflammes, dans chaque coin du terrain, flotter au vent tourbillonnant ? Possible, étant donné l’accueil reçu par les hommes de Franck Azéma à l’approche du stade. De la folie d’après certains joueurs qui n’avaient jamais connu ce genre de ferveur. Comment ne pas comprendre le troisième ligne de l’USAP Kélian Galletier lorsqu’il déclare, un trémolo dans la voix, vouloir « se battre jusqu’au bout pour ce club et pour ce maillot » lui qui a fait pratiquement toute sa carrière à… Montpellier. Ou encore Louis Dupichot (treize saisons au Racing 92), une senyera catalane sur les épaules à la fin du match, complètement abasourdi par cette ambiance de folie.
Un début de match qui aurait pu coûter très cher aux Catalans, pas dans le rythme, accumulant les mauvais choix, pénalisés à neuf reprises, des en-avants… Tout était réuni pour perdre ce match si les locaux avaient été plus réalistes. Or, par chance pour les Catalans, les Cistes de Montpellier n’étaient pas très… florissants. Si l’USAP avait tourné à la mi-temps avec un retard de vingt points, personne n’aurait crié au scandale. Montpellier avait joué avec le vent dans le dos, mais cela n’explique pas tout. 10-5 était un score flatteur pour l’USAP ! Tout restait dès lors possible… même une victoire. Le tournant du match ? Peut-être la blessure de Sadek Deghmache et l’entrée d’un Tom Ecochard, actuellement au sommet de son art. Dès lors les Catalans se mettaient à réciter leur rugby comme ils savent le faire depuis quelques matchs. Le MHR ne résistait pas malgré l’appel au secours d’un speaker absolument débile dans ses interventions. Mais au fait ces chauffeurs de stade ne sont-ils pas interdits lors des matchs de rugby ? Ah oui, c’est vrai, nous étions à Montpellier au club de Laporte et Altrad…
Mathématiquement l’USAP n’est pas encore sauvée d’une descente en Pro D2. Cataclysme ? Tremblement de terre ? Non ce ne serait pas suffisant. Les Catalans mènent tranquillement leur bonhomme de chemin. À deux points de la sixième place qualificative pour le Top 6. Pourquoi pas finalement, même si la place sera beaucoup plus chère. Rêver en fait c’est… gratuit !
La pluie est tombée, l’USAP ne tombe pas. Tot va bé… gairabé !
Fins aviat
Jo Solatges