Théâtre
C’était il y a peu, à l’Archipel, un petit bijou de théâtre, un concentré d’émotion et de drôlerie. La pièce ? Misericordia, d’Emma Dante, native de Palerme, donnée dans la langue de Dante, l’autre, Alighieri, et qui a rencontré un beau succès public.
Sur scène, trois femmes, des prostituées, certes, mais surtout des femmes dans la misère, avec elles, Arturo, leur frère, un peu simplet. Elles déroulent avec humour et fantaisie un récit de vie qui n’a rien de drôle, dénuement, violences, handicap… Tantôt ménagères prolétaires dans des tenues misérables, tantôt putes en string sur des talons aiguilles, leur vie tourne autour de leur frère Arturo, enfant « difficile », qui doit être placé. Ce frère, toutes l’adorent et culpabilisent de l’abandonner. Ce frère qui, finalement leur réservera quelque surprise. C’est très visuel, des objets se répandent au sol, les corps se dénudent, s’agitent, virevoltent, une prime à Arturo, épatant contorsionniste. La parole, aussi, est forte, haute en couleurs. Du théâtre comme on l’aime, qui vous prend aux tripes et vous embarque.
N.G.