Laïcité
Pressé par la droite, voire l’extrême droite, et les enseignants eux-mêmes, Pap Ndiaye se devait d’apporter une réponse aux inquiétudes du corps enseignant face à la montée des atteintes à la laïcité. C’est chose faite avec sa circulaire du 9 novembre.
Même si la loi de 2004 sur la laïcité précisait déjà la conduite à tenir en cas d’atteinte à la laïcité à l’école, l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020 avait exacerbé le désarroi des enseignants et appelait des précisions. Dans le cadre du nouveau plan laïcité, le ministre de l’Education et de la Jeunesse a adressé une circulaire aux directeurs d’école et aux chefs d’établissements. S’il dit comprendre la légitimité des inquiétudes de la communauté éducative, il y réaffirme le principe de dialogue (contenu dans la loi de 2004) entre l’élève et le chef d’établissement avant toute procédure disciplinaire. La circulaire est assortie de cinq fiches pratiques sur ce qu’il convient de faire en cas d’atteinte à la laïcité, notamment sur les réseaux sociaux. Elle prévoit en outre de renforcer la protection des personnels et le soutien de l’institution en cas de simple menace. Cependant la circulaire apporte davantage une réponse pédagogique -le dialogue- que des réponses pratiques. Si elle conviendra à ceux qui mettent en avant le rôle éducatif de l’école, elle laissera sur leur faim les chefs d’établissements qui attendaient une liste précise des tenues à proscrire.
Les questions soulevées
Des questions se posent cependant. Le nombre de signalements est certes passé de 313 en septembre à 720 au mois d’octobre (sur 12 millions d’élèves). Mais n’est-il pas lié au fait que les chefs d’établissements se sont mis à signaler, vu le contexte ? Il est vrai que jusqu’ici on leur demandait plutôt de ne pas faire de vagues. Mettre en lumière les atteintes à la laïcité ne va-t-il pas renforcer le prosélytisme religieux ? Ou est-ce au contraire réaffirmer la mission éducative de l’école et la dimension libératrice de la laïcité ? Les réponses sont plus difficiles à apporter.
Anne-Marie Delcamp