Avec Délépinie/Kervern le délire n’est jamais bien loin. Sous couvert de farce drôle, piquante, acide, ils exhibent un univers déshumanisé où l’individu est broyé par un monde qui le dépasse et sur lequel il n’a plus prise.
Si le récit lambine un peu, on se laisse porter par cette comédie douce-amère à la fois un peu moqueuse mais empathique envers ces anti-héros déjà bien fêlés, perdus dans un monde trop grand pour eux. Blanche Gardin, corrosive à souhait, Denis Podalydès très crédible en père protecteur paumé et Corinne Masiero convaincante en gilet jaune nostalgique…. La référence récurrente au rond-point où nos trois compères, anciens gilets jaunes, se sont rencontrés, n’occulte pas l’isolement et la détresse des êtres. À mi-chemin de la fantaisie nonchalante et du manifeste politique, Effacer l’historique nous conduit dans les méandres du rire grinçant qui parfois s’étrangle… Un film à voir comme une fable qui, sous un humour acerbe, nous interroge sur le monde que nous avons façonné.