Livre
Georges Bartoli passe avec bonheur de la photo au polar, il signe C’était un joli nom camarade, thriller aux accents politiques désenchantés.
La photo de couverture de C’était un joli nom camarade, livre que vient de publier Georges Bartoli chez Arcane 17 est déjà éloquente, une faucille et un marteau non croisés mais sagement posés l’un à côté de l’autre. Comprenez, on a rangé les outils, indice qui, avec le titre dit qu’il va être question du Parti communiste et que ça ne sera pas pour un moment d’enthousiasme. Une affaire qui sera réglée avec le premier chapitre, après l’auteur passera aux choses sérieuses, un vrai polar.
Le premier chapitre donc évoque ces lendemains qui déchantent, le lent et continu déclin du grand parti de la classe ouvrière au gré des échecs, des mauvaises décisions et des renoncements. Vingt pages de nostalgie révolutionnaire, la vision de l’auteur, à coup sûr, teintée de tendresse féroce, dont on devine qu’elle ne lui procure aucune satisfaction. L’occasion de découvrir Raphaël Letellier l’un des héros du livre, secrétaire fédéral d’un département du sud de la France.
Ce Letellier se retrouve dans cette obscure province après avoir connu des jours glorieux au niveau national. Le décor est planté, et voilà que tombe la nouvelle, Louis Estirach, immense peintre, communiste pas toujours dans la ligne mais personnalité hors norme, vient d’être découvert chez lui, le crâne fracassé ! L’événement va mettre en ébullition le microcosme local et chambouler les différents personnages qui le peuplent. On a le flic, sympa, beau gosse, genre intello qui roule en scooter, ses deux acolytes plus conventionnels, une infirmière militante syndicale non dépourvue de charme, le fils graffeur et en révolte du secrétaire fédéral, un journaliste de gauche futé…La trilogie police, presse, politique dans toute sa splendeur et ses interactions dont le photo reporter Georges Bartoli est fin connaisseur. Des personnages bien plantés, attachants, des dialogues percutants, mêlant allègrement jargon policier, argot, humour cinglant, une intrigue menée tambour battant, de mystères en rebondissements jusqu’à la pirouette finale, un premier essai prometteur pour Georges Bartoli. Qui, en exergue, rend hommage à Manuel Vazquez-Montalban, dont on n’oublie pas qu’il a écrit Meurtre au comité central.
Nicole Gaspon
C’était un joli nom camarade par Georges Bartoli, éd Arcane 17, 17€