LE TRAVAILLEUR CATALAN

Livre

Enseignant, journaliste, Christian Di Scipio a une connaissance fine de la région, de ses mœurs politiques, romancier, il maîtrise l’art du suspens, preuve avec ses deux derniers ouvrages qui paraissent simultanément.

Le crime du métro (10/18)

Sur un fond rouge, une femme de dos et une rame de métro. La couverture du Crime du métro, le dernier ouvrage de Christian Di Scipio, met tout de suite dans l’ambiance de ce qui est présenté comme « le fait divers le plus sensationnel de l’époque. » C’est d’un roman qu’il s’agit mais l’intrigue repose sur un fait divers authentique qui s’est produit le16 mai 1937, le meurtre, dans le métro, Porte de Charenton, de Lætitia ou Yolanda (selon le lieu et les gens qu’elle fréquente). Ce fut le premier crime dans le métro parisien. Il concernait une belle jeune femme d’origine italienne, vivant à Paris et se livrant à diverses activités comme l’espionnage pour le compte du gouvernement de Mussolini, de mystérieux trafics, des relations avec la pègre…Traquer et dénoncer des Italiens antifascistes réfugiés en France, voilà qui ne rend pas la belle très sympathique, d’autant qu’elle fricote aussi avec La Cagoule, organisation d’extrême droite. Elle a pourtant beaucoup de charme aussi les admirateurs se bousculent.

Femme fatale, mystère, espionnage…tous les ingrédients d’un bon polar sont là. Christian Di Scipio s’y entend pour balader son lecteur au gré des multiples pistes et  hypothèses qui se télescopent, des enquêtes qui n’aboutissent pas. Le mystère du meurtre de Lætitia persiste encore aujourd’hui. Mais ce qui intéresse l’auteur, c’est le contexte historique, la montée de l’extrême droite face à la réussite du Front Populaire, la haine de l’ouvrier, des soviets. Brossé avec beaucoup de pertinence, ce contexte préfigure ce qui va suivre et n’est pas sans écho avec la période que nous vivons.

Notoires compromissions (Cap Béar)

Retour à notre époque avec ce livre et plongée dans les arcanes de la politique régionale et départementale, qui offre un cadre inattendu à une intrigue policière. D’un côté un président de département et un de région allègrement croqués, on croit les reconnaître, mais non, « toute ressemblance…ne peut qu’être fortuite.» De l’autre un flic et un journaliste. Au centre, des affaires et malversations,  un jeu de massacre entre « amis » politiques, mais aussi des morts, l’ombre de la mafia, des allers et venues entre Perpignan, Montpellier, Toronto…Di Scipio agence le tout de main de maître, suspens, personnages hauts en couleurs, dialogues pétillants, écriture fluide, le roman se lit d’une traite. La façon qu’a l’auteur de brocarder une certaine conception de la politique est assez jouissive même si cela risque d’alimenter de trop fréquentes préventions à l’égard de celles et ceux qui la font. Mais c’est bien que certaines choses soient dites, d’autant que Di Scipio le fait toujours avec finesse et humour. De même il pointe avec justesse les embûches (faible mot) que rencontre le journalisme d’investigation. En somme, un polar très politique.

N.G.

Notoires compromissions Éditions Cap Béar 18€.

 
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