Edito du n° 3969 d’Evelyne Bordet
« Hier vous n’étiez qu’une foule. Aujourd’hui vous êtes un peuple ». Victor Hugo.
Macron ferait bien de relire ses classiques, et devenir enfin adulte ! Il casse son jouet au point de devoir renoncer à une royale visite aussi inutile que burlesque dans un contexte social hautement inflammable… Un monarque chasse l’autre… Comment ose-t-il parler de « cheminement démocratique » alors que le recours au 49.3 illustre son mépris du parlement et du peuple ? Depuis ce flagrant déni de démocratie, le droit de manifester est piétiné. Violences policières, matraquage et gazage à tout va ! À Rouen, une enseignante a le doigt arraché : à Paris, le même jour, un cheminot est éborgné, tous deux par une grenade de désencerclement. à Prades, des enfants sont gazés dans leur poussette lors d’une manifestation pacifiste. Macron a joué au pompier pyromane lors de sa dernière interview sans réaliser que les Français sont en train de construire, d’écrire sous ses yeux un moment historique. Alors qu’un peuple uni, une foule immense, légitime, se lève pour défendre sa dignité, son « pensez-vous que ça me fait plaisir ? » est d’un mépris abyssal. L’hostilité semble nourrir sa soif de pouvoir. Psychotique et aveugle, il fait le choix délibéré de la force et de la répression qui mettent le pays à feu et à sang. Plus fragilisé que jamais, il mise désormais sur le recours à la violence contre des manifestants et des journalistes pour briser le mouvement social. Acculé, le pouvoir n’a, en dernier ressort, qu’une méthode : cogner !
Macron cristallise la colère contre lui dans une posture qui le révèle toujours plus isolé. Devra-t-on attendre un drame irréparable pour que la réalité percute enfin l’hôte de l’Élysée ?
Plus que jamais, les forces progressistes de ce pays doivent ouvrir un débouché politique pour une nouvelle majorité sociale, écologique et démocratique, afin de répondre aux exigences qui s’expriment avec vigueur dans ce mouvement contre la réforme des retraites, et éviter le pire en 2017.