LE TRAVAILLEUR CATALAN

Ce texte, que l’auteur nous a autorisé à produire, partage avec les absents des sentiments uniques et quelques convictions.
Bonne lecture. La rédaction

À chaud, premières réflexions. Avouons-le, on redoutait un bouillon. La fameuse base nous était d’abord apparue comme un désert, un no man’s land qu’il nous appartenait à nous les premiers d’humaniser, de peupler. Vaste terrain vague, herbe sèche et jaune, pas un buisson ni un arbre. Les monteurs se sont sentis comme des pionniers.

La distance. La fête qui a tant et tant pérégriné depuis le parc Montreau de Montreuil, où la boue avait absorbé des centaines de paires de chaussures, allait-elle encore supporter le voyage ? Pouvait-elle sortir de la Seine-Saint-Denis et de son ancrage de l’ex ceinture rouge ?

La vente militante de la vignette avait mis longtemps à véritablement décoller. La météo promettait des averses. Et tous les grands médias s’étaient mis soudain à nous faire croire que le ciel pleurait une reine.

Des semaines de montage. Branle-bas dans les sections. Permanences et points de vente vignettes. Infinis problèmes de logistique. Qui fait quoi et où et quand ? Toute une orga à inventer et organiser. Toute une intendance, une armée invisible mobilisée pour réaliser, comme tous les ans, ce qu’il faut bien appeler un exploit militant. Et comme tous les ans, cette sorte de miracle a encore eu lieu. La base, où on ne voyait même pas un lapin, même pas un oiseau, s’est soudain humanisée, peuplée.

Du monde, de tous âges

Alors que l’on ne savait pas encore si le rendez-vous serait honoré, les banquets des bâtisseurs affichaient un optimisme à toute épreuve. Ni la canicule ni les averses ne venaient à bout de ce baromètre-là.

Un vendredi, à partir de 17h, bouchons en porte, une déferlante de RER, un roulement ininterrompu de navettes et une vague de jeunes arrivant à pied, chargés de tentes, de sacs à dos, le tout en masse et au pas de charge. Les barrières allaient-elles contenir cette file d’impatience ? Pas l’ombre d’une inquiétude chez les camarades aux avant-postes submergés par la vague. Ça bouchonnait dur pourtant.

Le lendemain, samedi, même topo mais grossi de toutes les générations confondues. Des stands qui avaient vu trop petit déjà dépourvus. On va être sympa, on ne donnera pas le nom de celui à court de vivres, qui nous chargeait soudain samedi matin, d’aller acheter trente kilos de blancs de poulet.

Un samedi donc, d’averses intermittentes, d’allées boueuses, des patinoires par endroit et partout une foule rieuse et joueuse. Ça dérape, ça glisse, on s’accroche au plus proche, on se marre et ça passe. À la fête de l’Huma, l’autre qui vous tombe dessus, s’accroche à vous, est forcément sinon un camarade, un ami. On échange des sourires complices avec des gens jamais vus et que l’on ne reverra peut-être jamais.

Des débats ouverts, pluriels et constructifs

Des débats partout, des stands pleins qui débordent de tous côtés. Des conversations de comptoirs, des amis qui se retrouvent, des groupes qui se font et se défont. Toute une fraternité entre communistes, contagieuse, qui tisse sa toile bien au-delà de nos rangs.

Et derrière les comptoirs de nos bars, toute une arrière-cuisine d’invisibles aux traits tirés, militantes et militants de la générosité qui en ont plein les jambes et les bras, qui verront si peu de la fête, qui ne seront nulle part en tribune, qui perdront l’essentiel des concerts et des débats mais qui sont l’architecture et l’âme même de la fête. Une force immense et généreuse qui se donne sans compter, sans rien monnayer, qui se met juste au service du débat, du plus grand entendement de tous, qui met toute son énergie pour décupler toutes les énergies. Et la fraternité sans frontières et le plaisir de lutter ensemble. (…). 

Maïté Pineiro

 
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