
Après cinq années de tournée, le vaisseau amiral de Sandrine Anglade est venu s’échouer à Perpignan.
Dernière représentation éblouissante pour cet hommage au théâtre qu’est la dernière pièce de Shakespeare. Des cintres à nu, des rideaux de plastique, un long praticable qui pivote en son milieu, les coulisses visibles, un dispositif qui nous montre bien que nous sommes au théâtre. Le public est gâté puisqu’il assiste à deux spectacles : La Tempête de William Shakespeare avec son intrigue et ses rebondissements et l’histoire d’une compagnie de théâtre avec son metteur en scène, ses comédiens et ses musiciens.
Sur son île magique, Prospero fait échouer l’équipage de celui qui a usurpé son trône. L’heure de la vengeance a sonné. Prospero orchestre les illusions au service de sa haine ressassée pour faire souffrir ceux qui l’on fait souffrir. Il fait l’expérience de ses échecs, de ses erreurs et finit par comprendre qu’il a vécu prisonnier de ses illusions. C’est alors qu’épuisé par sa propre magie noire, il se pose la question : quelle est la raison d’être de tous ces enchantements ? En d’autres termes : qu’est-ce qui fait vraiment de lui un être humain ? La raison réordonne les cœurs et les esprits, ouvrant, pour chacun, des chemins d’avenir et d’équilibre.
Une troupe d’acteurs généreux
Le spectacle rassemble une magnifique troupe d’acteurs complices et fidèles qui s’amuse du travestissement, chacun endossant des multiples rôles sous le regard complice du public.
La multiplicité de leur registre d’interprétation, leurs qualités vocales, l’homogénéité de troupe entre acteurs, instrumentistes et chanteurs confèrent au spectacle virtuosité, dynamique et plaisir de jeu.
Jacques Pumaréda