LE TRAVAILLEUR CATALAN

Pôle emploi, témoignage

Le parcours d’un chômeur, dans certains cas, relève de la course d’obstacles, souvent dématérialisés, qu’il s’agit de franchir sans céder au découragement. La colère s’installe. Témoignage. 

«Aujourd’hui, être chômeur, c’est être désocialisé. Dans une conversation, par exemple, la discussion change de ton, au mieux, ou s’arrête, dès lors que tu signifies que tu es au chômage ». La phrase est terrible. François* poursuit : « Aujourd’hui, à Pôle emploi, l’humanité n’existe plus. C’est devenu une machine infernale. C’est le parcours du combattant, sur internet, ou au téléphone (39-49). On possède un identifiant numérique, et ça ne marche pas toujours. La détresse s’installe vite ».

Reconstruire

Fonctionnaire pendant plus de 26 ans, salarié longtemps, il a subi les tracasseries permanentes, puis une grande lessive, violente, humiliante, reconnue au bout du compte par la société et la justice. « Il me fallait ensuite reconstruire quelque chose, un nouveau parcours professionnel, digne. Fragilisé, j’ai réussi à remonter la pente ». Une formation choisie est alors engagée, financée à 80 % par l’ancien employeur et le Compte Personnel de Formation (CPF). « Et là, il faut prouver, tout le temps. Le métier doit être en « tension », comme ils disent. Ensuite, je dois prouver ma motivation avec des stages que je dois trouver moi-même. J’ai fait. J’ai obtenu un diplôme professionnel. Et j’ai moi-même trouvé un employeur ». Tout semblait donc aller pour le mieux et la perspective d’une formation complémentaire, nécessaire pour l’employeur, prenait corps. Pôle emploi devait financer. 

Le refus et un courrier menaçant

Pôle emploi a refusé de financer ce complément de formation. L’employeur n’a pas pu garder le salarié sous contrat. Un courrier électronique lui a été envoyé. Il le montre sur l’écran. « J’ai reçu une lettre d’avertissement, menaçante, promettant de suspendre mes indemnités chômage pour « abandon de poste ! ». Je n’ai jamais rien abandonné. Au contraire. J’ai alors écrit un courrier, je me suis déplacé à Pôle emploi, je n’ai pas, à ce jour, de réponses. C’est humiliant. Je suis une personne, respectable ! ». Le titre de la lettre : « Avertissements avant sanctions ». Outre les acronymes obscurs employés, le ton du courrier est celui de la déshumanisation. Jusqu’où ira-t-on dans l’ignoble ?

Michel Marc

*Prénom modifié

 
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