Qatargate

Un million et demi d’euros, c’est le montant saisi par la police judiciaire fédérale dans l’enquête pour corruption au Parlement européen.

Eva Kaili, membre du Parti socialiste grec Pasok, son assistant parlementaire et compagnon F. Giorgi, l’ex eurodéputé socialiste italien P.A Panzeri (ONG Fight Impunity), N. Figa Talamenca (ONG No Peace without justice) et Luca Visentini dirigeant de la Confédération syndicale internationale, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, sont accusés d’avoir été soudoyés par Doha pour défendre les intérêts de l’émirat qui a accueilli le Mondial de football. Les perquisitions ont permis de mettre en lumière les sommes de 600 000€ au domicile de l’un des suspects, des centaines de milliers d’euros dans une chambre d’hôtel bruxellois et 150 000€ dans l’appartement de l’eurodéputée. Celle-ci, dépouillée de son immunité parlementaire, et ses compagnons de fortune, sont écroués pour corruption et blanchiment d’argent en bande organisée. Le syndicaliste a été relâché mais l’enquête se poursuit.

La bulle éclate

La présidente du Parlement européen a lancé une enquête interne précisant : « Il n’y aura pas d’impunité. » Eva Kaili s’était rendue au Qatar et avait salué, en présence du ministre qatarien du Travail, les réformes de l’émirat dans ce secteur. Elle avait estimé que l’émirat était « un chef de file en matière de droit du travail » et jugé que les Européens « n’avaient aucun droit moral de lui faire la leçon. » De quoi comprendre les raisons du refus des socialistes européens de voter une résolution condamnant les violations des droits humains au Qatar et empêcher, de concert avec la droite et l’extrême droite, l’adoption d’amendements condamnant l’attitude de la Fifa face à l’oppression des droits LGBT+. Devant le scandale, les langues se délient, des eurodéputés confessent avoir été approchés par des lobbyistes qatariens et contactés à plusieurs reprises par l’ambassade du Qatar pour un rendez-vous…confidentiel. Le Qatar dément être impliqué dans ces tentatives de corruption. Un diplomate qatari a prévenu que les mesures du Parlement européen à l’encontre de son pays auront un impact négatif sur les relations avec l’émirat du Golfe et l’approvisionnement mondial en gaz.

Ray Cathala