LE TRAVAILLEUR CATALAN

Écologie et libéralisme

Le mardi 12 décembre 2023, plus de 400 personnes se sont réunies à l’appel de la CGT devant la gare SNCF du Boulou pour s’opposer à la liquidation de Fret SNCF et à la disparition de navettes. 

« Nous sommes là pour nous opposer à la liquidation de Fret SNCF », a résumé Mikaël Meusnier, le secrétaire du syndicat CGT des cheminots de Perpignan et conducteur lui-même du train Primeurs. De leur côté, les élus régionaux communistes et apparentés ont fait une longue déclaration en séance pleinière: « En 2006, la commission européenne a imposé l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire au nom de la sacro-sainte concurrence libre et non faussée ». Le bilan est catastrophique : « Sur la Région Occitanie, la part modale du fret ferroviaire est passée de 18 % en 2015 à 10 % aujourd’hui. 18 000 camions passent la frontière chaque jour, au Perthus ! ». Le rapporteur, Jean-Marc Biau, ajoutait : « Si un accord a bien été signé entre l’État et le gouvernement et la commission européenne, il va entraîner la liquidation de la SAS* Fret SNCF et l’abandon forcé de 30 % des trafics au profit des opérateurs privés, la disparition de 500 cheminots à compter du 1ᵉʳ janvier 2024 (dont 80 dans les P.-O.) ». Il concluait : « Il est urgent de mettre en place un véritable plan industriel de transport de marchandises par rail dans ce pays.(…). C’est la seule condition pour atteindre l’objectif des 25 % de marchandises sur les rails. Les élus communistes s’engagent à faire vivre une alternative à la destruction du fret ferroviaire auprès des salariés et des usagers ». 

Au Parlement aussi

Une commission d’enquête parlementaire a rendu son rapport ce mercredi 20 décembre. Nous y reviendrons. Revenant sur l’historique de la privatisation obligatoire du Fret, 2001, 2006 et les fameux « paquets ferroviaires » qui se sont succédé à Bruxelles, le rapporteur Hubert Wulfranc, (GDR communiste) introduisait ainsi les travaux : « En France, les volumes transportés par train ont fortement régressé en passant de 50 milliards de tonnes.km en 2002 à 33 milliards de tonnes.km en 2018. En outre, la part modale du fret ferroviaire est tombée à 10 % alors qu’elle atteint 23 % en Allemagne et 18 % dans l’ensemble de l’Union européenne » et poursuivait : « La commission d’enquête s’attachera à recenser les obstacles persistants au développement du fret ferroviaire ainsi que les distorsions économiques, sociales et fiscales qui favorisent le fret routier et dressera un bilan de l’ouverture à la concurrence du secteur et de l’état de santé des différentes entreprises du secteur ». Nous attendons l’ensemble des conclusions.

Les 23 « flux » et le train primeurs sacrifiés ?

Un flux, c’est une ligne régulière de transports de marchandises, quelle que soit sa fréquence, de plusieurs trains par jour à une navette hebdomadaire. Fret SNCF est devenue une SAS, Société anonyme simplifiée avec l’éclatement de la SNCF. Pour l’ensemble des 23 flux donc, dont le train primeurs, normalement en fonction jusqu’à juin 2024, un A.M.I (appel à manifestation d’intérêt) a été lancé par l’État et la maison mère. « Aucune réponse n’est encore parvenue à ce jour ! Sachant que Fret SNCF n’a pas le droit de poser sa candidature ! » nous précisait ainsi Mikaël Meusnier qui ajoutait.  « La mobilisation citoyenne est très insuffisante. La couverture par les médias aussi. On ne gagnera pas comme ça. Là, on sacrifie une entreprise publique qui marchait bien, et on met les camions sur les autoroutes et sur les routes. Rajoutons que des emplois de cheminots sont aussi en jeu. 80 pour le département. Sur Perpignan, des trafics rail ont déjà été abandonnés et des emplois ont déjà été supprimés, onze à ce jour sur trois sites. Une suite à la manifestation du Boulou sera nécessaire ». 

Michel Marc

*S.A.S : Société anonyme simplifiée, c.-à-d. Sans conseil d’administration.

 
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