LE TRAVAILLEUR CATALAN

Chefs d’établissement

D’ordinaire plutôt discrets, les chefs d’établissement sont sortis de leur réserve pour exprimer leur « ras-le-bol » face à la nouvelle réforme du choc des savoirs et leur « épuisement » face à des réformes successives, jamais évaluées et désavouant la précédente.

Appels à la grève et à manifestation, signature d’une pétition commune avec les syndicats d’enseignants, les chefs d’établissements sont vent debout comme rarement contre la réforme « passéiste » du choc des savoirs.

Lors de la rencontre du SNPDEN, syndicat majoritaire des chefs d’établissement, avec G. Attal et N. Belloubet le 14 mars, ils ont surtout posé des questions révélatrices de leurs doutes sur l’utilité et surtout la faisabilité de cette réforme. Questions sur les moyens. « Nous n’avons ni les moyens ni les enseignants.  Comment mettre en place des groupes de besoin sans profs ? » « Comment préparer une rentrée sans moyens horaires supplémentaires ? ». Questions aussi sur la faisabilité technique. « Comment changer continuellement les emplois du temps ? ». Ils redoutent enfin d’être contraints de supprimer les dispositifs d’aide existant (dédoublements, travaux pratiques) et les langues rares.

Le brevet aussi

La direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) voit dans cette réforme la fin de l’autonomie pédagogique des établissements et considère qu’elle fait des enseignants et des chefs d’établissement de « simples exécutants d’une politique pédagogique taylorisée ». Les groupes de besoin ne sont pas la seule pierre d’achoppement. Le brevet, dont l’obtention conditionne désormais l’accès au lycée, « remet en cause le droit égal d’accès à la poursuite d’études pour tous, principe fondateur de l’école publique ». Comme les groupes de besoin, il vise au tri social des élèves, au détriment bien sûr des élèves les plus défavorisés.

G. Attal leur a adroitement suggéré les avantages sonnants et trébuchants qu’il réserve aux personnels de direction (+1 800€/an). Et, sans le dire clairement, a insinué que la solution à leurs problèmes d’organisation pourrait passer par l’annualisation des services des enseignants. Ce que susurre la Cour des Comptes depuis longtemps.

Seront-ils dupes ? Tenteront-ils malgré tout d’appliquer la réforme ? Réponse en septembre prochain.

Anne-Marie Delcamp

 
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