LE TRAVAILLEUR CATALAN

Vanessa Wagner et Wilhem Latchoumia / Dolce Volta

Aujourd’hui Musiques

Final dimanche 19 novembre du festival de création sonore et visuelle et terme de deux semaines de découvertes multiformes.

La folie Nijinski

Pour le spectacle d’ouverture, l’équipe d’Aujourd’hui Musiques avait mis la barre haut. Annoncé comme du théâtre musical, Les cahiers de Nijinski réunissaient autour de Denis Lavant, acteur peu commun, à la trogne inoubliable, le violoncelliste Gaspar Claus et le saxophoniste et clarinettiste Matthieu Prual. La trame en était les Cahiers du célèbre danseur, étoile filante, trop tôt atteint de schizophrénie. Dans El Mediator, bien rempli, le comédien circule, poussant parfois quelques cris, triturant son tricot de corps jusqu’à l’ôter. Il rejoint sur scène ses deux comparses également torse nu. On comprend d’emblée que ce spectacle ne sera pas de tout repos, tout est dans le paroxysme. Dans les musiques, les cordes et souffles ne sont que crissements, feulements, du rauque au sur aigu, complétés de sonorités électroniques. Le comédien, lui, habite jusqu’à la transe un texte qui est un torrent et oscille en permanence entre trivialité, mysticisme, sexe, considérations sur la vie, sur la mort, sur Dieu. Un texte d’une rare puissance qu’il crie et mime, torturant et désarticulant son corps, exhalant toute la souffrance du danseur fini. Aucun répit pour les yeux et les oreilles dans cette symphonie macabre traversée de vidéos et de jeux de lumière. Remarquable performance tant de l’acteur que des musiciens, mais on sort de là un peu sonné.

Expérience immersive

Tout au long du festival, il est possible de vivre une expérience immersive au sein d’une installation d’Adrien Mondot et Claire Bardainne intitulée Dernière minute. C’est dans le studio de l’Archipel, vaste salle derrière la scène du Grenat. Il faut enlever ses chaussures avant de fouler la moquette claire, coupée d’une paroi translucide, et se poser. Une quarantaine de personnes chaque fois, dont beaucoup d’enfants, se trouve ainsi embarquée pour une demi-heure singulière, traversée de sons et d’images multiples qui s’enchaînent. Points comme des poussières d’étoiles, vagues, lignes droites puis mouvantes, cascades de lumières…s’inscrivent sur la paroi comme sur les corps des spectateurs. Effet saisissant pour un moment hors du temps.

Steve Reich par l’Ensemble Links

Du compositeur américain, représentant de la musique minimaliste, était donné samedi soir Music for 18 musicians, pièce écrite dans les années 70. Une heure de musique répétitive et lancinante avec percussions, pianos, clarinettes, cordes et chants, et des interprètes de grande virtuosité et d’énergie. L’écoute est une expérience incroyable, la pièce semble linéaire alors que des inflexions interviennent, introduisant comme un suspens. Les musiciens se déplacent, changent d’instrument. Au centre, le chef et percussionniste Rémi Durupt, organise l’ensemble tel le grand prêtre d’une cérémonie, se mouvant au rythme de la musique. Ce que l’on ressent est de l’ordre de la fascination, de l’envoûtement. Belle occasion d’entendre des musiques trop rares.

Nicole Gaspon

 
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