LE TRAVAILLEUR CATALAN


©  AlmaÔm

Archipel


Sur un texte de Delphine Horvilleur autour de la figure de Romain Gary, « Il n’y a pas de Ajar », la comédienne Johanna Nizard s’en prend aux délires identitaires.

Rabbin très médiatique, Delphine Horvilleur est aussi auteure, ses textes traitent des questions brûlantes de l’époque. La supercherie de Romain Gary obtenant un deuxième Goncourt sous le pseudonyme d’Émile Ajar lui a inspiré le texte Il n’y a pas de Ajar que Johanna Nizard et Arnaud Aldigé ont mis en scène. Cette création de 2022 était donnée dans le Carré de l’Archipel la semaine passée.

La « supercherie littéraire » de Gary sert ici de prétexte à passer à la moulinette les discours identitaires et leurs ravages, la manie de mettre les gens dans des cases, de les réduire à un seul aspect de leur être, fut-ce leur religion. L’auteure imagine un fils à Ajar, prénommé Abraham, manière aussi d’aborder l’antisémitisme façon humour noir. Texte pertinent, surtout par les temps qui courent. Il est porté par Johanna Nizard, seule en scène sur un tapis de sacs poubelles gris et un décor de multiples miroirs. Elle clame, s’esclaffe, hurle, se dénude presque et prend les costumes de plusieurs personnages : Abraham (portrait craché de Romain Gary), une sorte de gladiateur à perruque blonde, une geisha…Il y a du sang sur scène et autres sécrétions. Comédienne grandiose, Johanna Nizard est tellement intense qu’elle peut aussi bien fasciner qu’irriter. Avec le risque qu’au final, le message se perde.

N. G.

 
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