LE TRAVAILLEUR CATALAN

Retraites


Les syndicats de travailleurs rejettent l’idée de Macron de faire financer les budgets militaires par notre modèle social.

Cette assertion, venue d’un autre temps, pollue la tenue du «  conclave » consacré, notament à l’abrogation des 64 ans, âge de départ à la retraite, dont la troisième séance de négociations vient de s’ouvrir. Gilbert Cette, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), vient de déclarer dans un billet sur le site Telos : « l’entrée progressive, plus ou moins explicite, dans une économie de guerre rendra secondaires sinon dérisoires les débats actuels sur l’âge légal à 64 ans. » Cet économiste, proche d’Emmanuel Macron, a été nommé à la tête du COR après le limogeage de Pierre-Louis Bras. Ce dernier avait contredit des prévisions gouvernementales alarmistes pendant le débat sur la réforme des retraites. Ce commentaire a provoqué la colère des syndicats de salariés. « Il y a toujours une bonne raison pour s’attaquer aux retraites. (…) Mais nous n’avons pas à les sacrifier pour des dépenses militaires », a rétorqué Denis Gravouil, négociateur de la CGT au « conclave », avant de rajouter : « au départ, nous devions examiner les conditions de l’abrogation des 64 ans. Puis le Premier ministre nous a demandé de voir comment améliorer les comptes en déficit. Aujourd’hui, on nous parle de financer l’effort de guerre. Mais le vrai problème, c’est les 64 ans. Ce sont tous ces travailleurs qui ne parviendront pas à l’âge de départ à cause de la pénibilité de leur métier. » La négociatrice « retraites » de la CFTC, Pascale Coton, regrette que l’intervention de Gilbert Cette vienne « polluer le débat. Au niveau du conclave sur les retraites, on n’est pas là pour parler de combien ça coûterait de se préparer à une guerre. On reste sur notre mission. »

La retraite sacrifiée sur l’autel militaire !

« On ne va pas choisir entre le canon et les allocations », a résumé Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, qui appelle de ses vœux une conférence des finances publiques, estimant que l’effort pour le réarmement militaire demandé par Macron ne serait « pas possible » sans « hausse d’impôts ». Dans un communiqué, l’UNSA juge « crucial pour la France de renforcer ses capacités de défense ». Mais « cette priorité ne peut en aucun cas se faire au détriment de notre modèle social. Il représente la pierre angulaire de notre démocratie. S’il y a un effort à fournir, ce n’est pas en écornant notre modèle social que cet effort sera largement accepté. C’est bien la défense de ce modèle social et des valeurs qui sont les nôtres qui nous unis et nous mobilise pleinement ».

Pour FO, « l’économie de guerre ne doit pas se faire sur le dos des services publics, ni sur le système de protection sociale. (…) Il y a d’autres moyens de financer cette économie plutôt que de demander des efforts toujours aux mêmes : aux salariés et retraités. »

Côté patronal, l’idée de travailler plus pour financer l’« effort de guerre » fait aussi son chemin. « Notre proposition de travailler une heure de plus par semaine entre en résonance avec le nécessaire effort de défense », suggère Éric Chevée, négociateur du syndicat patronal CPME.

Dominique Gerbault

 
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