LE TRAVAILLEUR CATALAN


Paco Ibanez accompagné par le guitariste Mario Mas. ©Y.LucAs

Le Boulou

Samedi 13 mai, quatre cents auditeurs ont vibré avec Paco Ibanez, invité aux Journées culturelles et républicaines transpyrénéennes.

Pour l’ouverture de ses journées culturelles, l’AAGEF-FFI (Amicale des anciens guérilleros espagnols en France-FFI) -66 avait invité Paco Ibanez. Impatiemment attendu par une salle comble et vibrante, le jeune homme de 88 ans introduit d’entrée le dialogue avec la salle. Quelques mots sur son parcours : son père incarcéré avec tant d’autres à Argelès, lui demeuré au pays basque avec sa mère et leur famille dans une ferme où il a vécu jusqu’à 14 ans. Il passe alors en France avec sa sœur et débarque à Perpignan. Quelques années plus tard il « monte » à Paris où il débutera sa carrière de chanteur. Hommage au passage rendu à l’enseignant perpignanais qui l’a aidé et plaisanteries récurrentes sur la langue catalane qu’il se prétend incapable de parler. 

Cela suffit-il à dire qu’il est pétri d’humour ? Sans doute aussi, pour confirmer l’ambiance, doit-on dire qu’il a chanté il y a quelques jours à Collioure, à l’occasion de la création du lieu dédié à Antonio Machado, le poète auquel il a consacré une chanson qu’on entendra un peu plus tard.

La République, la révolution, la poésie, et une totale liberté

Accompagné par le guitariste Mario Mas, qui lui donne joliment la réplique, il donne au début la priorité aux chansons de Brassens traduites en espagnol. Alors qu’elles lui étaient d’abord apparues comme quasi imbuvables, il les a adoptées et chantées dans sa langue d’origine, vivant avec leur auteur une belle amitié. Ce seront La mala reputacion et Pobre Martin, pobre misère. Les chants où poésie et amour de la liberté se mêlent, assortis de moments plus intimes feront, durant près de deux heures, intensément vibrer l’assistance. Garcia Lorca, bien sûr, Antonio Machado, Che Guevara, Barcelone, El lobito bueno invoquant Goytisolo, et le communiste Rafael Alberti dont il fut très proche. Mais aussi une chanson basque que lui chantait sa mère, d’autres évoquant son père ou l’oncle paysan, cœur aimant au parler rude, ou, pour saluer la France, Ronsard Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle. Les applaudissements ne cessaient d’éclater. Il donna deux bis après la longue ovation finale, terminant, à la demande, par A galopar repris en chœur par la salle. Pour un chaud « au revoir » qui n’était pas un adieu et le signe d’un excellent départ pour ces journées qui s’étendront sur un long mois.

Yvette Lucas

 
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