LE TRAVAILLEUR CATALAN

Réchauffement climatique

Élodie Magnanou, chercheuse au CNRS à Banyuls-sur-Mer et gestionnaire de la réserve naturelle de la forêt de la Massane, a tenu conférence dans le cadre de « La fête des possibles ».

Une quarantaine de participants a pu entendre de nombreuses informations scientifiques, et mieux comprendre, au fond, ce qui se joue ici, dans les Albères et ailleurs, avec l’incontestable réchauffement et le dérèglement climatique qui l’accompagne. 

Des hêtres très majoritaires, un écosystème très riche

La Massane est une forêt ancienne, rare, de 336 ha, installée entre 600 et 1 200m d’altitude, volontairement laissée à son évolution naturelle, présentant un record mondial des espèces recensées, plus de 9 000 espèces végétales et animales !. Ancienne signifie qu’elle n’est plus exploitée depuis plus de 150 ans. « Point chaud de la diversité », « carrefour biogéographique avec des espèces méridionales et septentrionales qui s’y retrouvent », cette forêt de hêtres est entourée de végétation méditerranéenne. Et elle souffre, de stress hydrique et de stress thermique. Mais elle souffre beaucoup moins que d’autres forêts. Il s’agit donc d’en retirer quelques enseignements universels. 

Pendant des millions d’années, les espèces ont recherché les moyens et les espaces pour leur survie. Elles se sont déplacées. Vers le nord, vers le sud, plus haut, plus bas, traversant glaciations et réchauffements, et plus récemment, les pollutions atmosphériques (ozone barcelonais, métaux lourds dans les pluies, microplastiques, espèces invasives). Le hêtre a fait preuve d’habileté dans cet exercice. L’ensemble des études, mené par une équipe pluridisciplinaire, révèle un certain nombre de vérités. La diversité et la « non-intervention humaine » protègent mieux des aléas climatiques et chimiques (incendies, tempêtes, extinctions des essences…). La mortalité des arbres reste basse dans cette forêt, et la natalité est importante. 2 373 nouveaux arbres en 2012 ! Le pouvoir de résilience d’une ancienne forêt est bien supérieur aux plantations uni-espèces.

Michel Marc

 
Cet article est en lecture libre. Pour avoir accès à l'ensemble du site, merci de vous connecter ou vous inscrire

ARTICLES EN LIEN