LE TRAVAILLEUR CATALAN

L’école dans la tourmente

Une semaine après l’assassinat du professeur de français Dominique Bernard, Gabriel Attal annonçait qu’il voulait exclure des établissements scolaires les « élèves radicalisés ». Et si la question était « comment des élèves scolarisés en France dès leur plus jeune âge – ce qui est le cas du tueur – se radicalisent ? ».

L’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire, il y a trois ans et celui de Dominique Bernard, professeur de français, désignent clairement l’école pour cible des terroristes. L’émancipation par le savoir et le vivre ensemble ne font pas bon ménage avec l’obscurantisme. Comment cependant expliquer que des enfants, issus de l’école de la République, en viennent à tuer ? L’école échoue-t-elle dans sa mission de transmission des valeurs républicaines ? 

Ce qui est certain c’est que, l’école d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec l’école d’avant les années 2000. De réformes en réformes, c’est la vision libérale de l’école qui s’est imposée. La notion de « survival kit » (savoir minimum) de 1996, devenu « socle commun » en 2005 a abouti aux savoirs fondamentaux de Blanquer  « lire, écrire, compter, respecter autrui », institutionnalisés aujourd’hui. La philosophie est claire : un savoir minimum est bien suffisant pour les élèves les plus en difficulté. Attal va même jusqu’à proposer de parquer les élèves selon leur niveau scolaire.  On est bien loin de la loi de 1882 qui définissait l’instruction non plus comme « cet enseignement rudimentaire de la lecture, de l’écriture et  du calcul que la charité des classes privilégiées offrait aux élèves » mais qui prônait « une instruction embrassant l’ensemble des connaissances humaines ».

Autres dérives

Savoirs minimums, autonomie des établissements, abandon de l’enseignement professionnel au profit des entreprises, accès sélectif à l’université avec Parcoursup, individualisation des parcours avec le bac Blanquer ont pour point commun la mise à l’écart des classes populaires et évincent la mission émancipatrice de l’école.

Comment, dans cette vision libérale de l’école où l’individualisme et le mérite règnent en maître, faire exister le « vivre ensemble » ? Comment les enfants de milieu défavorisé peuvent garder l’espoir d’un avenir ? Et comment dans ces conditions, les enseignants, blessés dans leur chair et dans leur vocation à transmettre les valeurs d’une école laïque qui n’existe plus, peuvent-ils  les amener à y croire ?

Anne-Marie Delcamp

 
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