LE TRAVAILLEUR CATALAN

Le 12 juin les sénateurs avaient à se prononcer sur la Taxe Zucman, un impôt spécial frappant les plus riches. Le 13, j’apprends par la radio qu’une majorité du Sénat a repoussé cette drôle d’idée. Alors il me vient à l’esprit une drôle de question : comment nos représentants ont-ils voté ? (Je dis nos, j’entends par là les deux qui doivent leur siège aux grands électeurs votant dans les P.-O., Jean Sol et Lauriane Jossende). Je cherche en vain la réponse dans L’indépendant du jour. Je ne la trouve pas en Une, dans un bel édito qui fait pourtant un sort à cette décision sénatoriale, allant jusqu’à écrire : « s’attaquer aux plus riches est devenu une sorte de tabou de l’économie politique moderne ». Elle n’est pas dans les pages consacrées à la vie locale  et pas davantage là où sont traités les faits de dimension nationale et internationale. Non pas que le vote du Sénat soit omis : il a droit à quatre courtes colonnes, avec une photo de Zucman. C’est le vote de nos deux représentants locaux qui a été jugé hors sujet. Alors j’explore laborieusement le site du Sénat, et je finis par atteindre une page consacrée au Sénateur Jean Sol. Mais rien sur son vote d’hier ! ni d’ailleurs sur ses votes passés, sans préjudice de ce que pourrait m’offrir une navigation plus habilement conduite. En bas de page je lis cette mention « Page mise à jour le 13 juin » et une autre mention qui m’invite à formuler une remarque. J’envoie donc à l’adresse suivante : « notices-senateurs@senat.fr » ces quelques mots naïvement républicains : Puisque la page sur laquelle je suis invité à formuler une remarque est supposée mise à jour aujourd’hui 13 juin, le sénateur Jean Sol se grandirait s’il y indiquait la part qu’il a prise, hier 12 juin, au scrutin qui a repoussé la proposition de loi sur la taxation des plus riches, dite « Taxe Zucman ». Je crois, en toute modestie mettre le doigt sur un aspect important de la crise dans laquelle s’enfoncent nos institutions républicaines : tout se passe comme si la responsabilité n’incombait plus qu’à la formation dont l’élu se réclame, comme si son élection dépouillait l’élu de son statut de personne humaine, en sorte que ses actes doivent échapper légitimement à l’attention du public. La presse pourrait faire beaucoup contre cette incurie, qui a sa part dans l’inquiétante montée de l’abstention. J’ose suggérer d’y réfléchir à la vaillante rédaction de notre cher T.C. 

J.-P. Kaminker,
militant communiste et pacifiste

 
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