LE TRAVAILLEUR CATALAN

Éboueurs. Un conflit social historique

Les éboueurs ont repris le travail. Après une dizaine de jours inédits, les salariés ont voté majoritairement la suspension de la grève et la reprise du travail en assemblée générale. 

Ce mouvement, rare dans la fonction publique territoriale locale, signifie certainement beaucoup. Il faudrait remonter loin dans l’histoire sociale perpignanaise pour trouver trace d’une grève aussi massive. Nul ne l’avait prévu. Ni à la mairie de Perpignan, ni même parmi les élus de l’assemblée communautaire de Perpignan Métropole Méditerranée (P.M.M) qui est l’autorité de tutelle. Ces salariés donc, peu habitués aux conflits sociaux, ont eu ce courage, contre vents et marées. Pendant dix jours, ils ont rencontré la presse locale, quelques élus solidaires, se sont parlé. Ils ont découvert les difficultés, l’hostilité et les menaces des autorités élues, mairie de Perpignan (cf. article suivant) et Communauté Urbaine. Plus surprenant pour quiconque connaît mal le rôle des syndicats à la ville depuis des décennies, ils ont subi les agressions verbales d’autres syndicats dits « majoritaires », dont F.O.

La démocratie au centre

Le piquet de grève, les assemblées générales quotidiennes, les débats, les votes ont, sans aucun doute, forgé des habitudes démocratiques jusqu’alors inconnues pour la plupart d’entre eux. Les collations tout autant, moments d’échanges entre eux, moments de découvertes. La rédaction elle-même des revendications a permis une mise en perspective du métier, du service public nécessaire, et du respect qui leur est dû. Il faut le dire et le répéter, toutes les décisions ont été prises à la majorité des présents. Elles n’étaient pas celles de décisions extérieures. Les mauvais coucheurs prétendront le contraire, avec peu de chance d’être écoutés. Ils ont aussi, pour un temps long, découvert un syndicat combatif et responsable, et ils ont fait appel à lui. La CGT Territoriaux a donc accompagné et aidé au bon déroulement de l’action. Elle a joué son rôle.

La posture contestable des autorités

Les négociations ont été difficiles. Contre toute règle habituelle dans ces situations, le syndicat CGT a été banni, toujours oralement, des rencontres possibles avec la direction. Est-ce le manque d’habitude de converser avec les salariés ? Est-ce simplement la haine de droite contre les syndicats non compromis ? Chacun trouvera la réponse. En tout cas, on peut évoquer sans risque d’erreur une vraie posture de discrimination syndicale qui sera dénoncée sans aucun doute. Au bout du compte, peu de conclusions écrites, quelques promesses de rencontres futures et, quand même, quelques améliorations promises par les agents de la propreté (augmentation de prime du régime indemnitaire) avec une date d’échéance au 19 mars. Le courrier adressé par le président de P.M.M, Robert Vila au syndicat CGT est édifiant. Quelques extraits se passent de commentaires : « (…) il est de mon devoir de déplorer certains modes d’action qui peuvent porter un préjudice grave aux grévistes : en effet, il n’est pas acceptable d’utiliser la menace, l’intimidation(…) ». Mais de quoi parle-t-il ? Plus loin, un mensonge : « Il n’est pas acceptable non plus de bloquer les sites, (…), je vous rappelle que ces faits constituent une entrave à la liberté du travail et sont passibles de sanctions pour faute lourde ». Enfin, pour bien comprendre, et après la menace d’appel à la force publique : « la Direction générale reste disposée (…) à rencontrer une délégation des agents de P.M.M accompagnés d’une des organisations syndicales représentatives élue à PMM ». Entendez par là FO.

Michel Marc

 
Cet article est en lecture libre. Pour avoir accès à l'ensemble du site, merci de vous connecter ou vous inscrire

ARTICLES EN LIEN