LE TRAVAILLEUR CATALAN

VISA 2025

Foules aux soirées, comme aux expositions, prix amplement mérités. Le festival du photoreportage ferme au public dans deux jours, avant les semaines scolaires.

Comme à chaque début septembre depuis 36 ans, Visa donne une physionomie particulière à la ville, badgés, appareil en bandoulière, sillonnant rues et lieux d’expos, terrasses de cafés débordantes, conversations tous azimuts. À deux jours de la clôture, focus sur quelques photographes.

Jean-Louis Courtinat, photographe de proximité

Lauréat 2025 du Visa d’or des Solidarités (8 000€ du conseil départemental), Jean-Louis Courtinat propose au couvent des Minimes 40 ans de photographie sociale. Plusieurs reportages en noir et blanc qui reflètent un regard empathique, une volonté de montrer des invisibles. Malades mentaux dans une structure modèle en Belgique, SDF pris en charge dans des hôtels sociaux, orphelins roumains (pour lui « le malheur absolu, très dur »), urgences à l’Hôtel Dieu, hospice à Villejuif, enfants malades…

Chaque reportage est précédé d’un temps d’immersion auprès des personnes, « je vis avec les gens, au début, je ne prends pas de photo, j’attends d’être accepté. » Confronté à la souffrance, Jean-Louis Courtinat s’attache à montrer ce qui va plutôt que de dénoncer. Il travaille avec les associations « sur lesquelles l’État se décharge. » Quand le reportage est fini, il apporte une photo aux personnes concernées, une habitude héritée de Robert Doisneau dont il a été l’assistant de 1994 à sa mort. Comme Doisneau, il tient au noir et blanc, « c’est plus vrai », aux portraits… Pour lui, la photo est « un travail de proximité. »

Recevant le Visa d’Or des Solidarités, il déclarait « ce prix va me permettre un reportage sur des femmes SDF. » Noter que chacun des reportages de Jean-Louis Courtinat fait l’objet d’un livre.

Une expo coup de cœur, les images de Stephen Shames

Il y a toujours, parmi l’océan d’images, certaines qui vous touchent davantage, que vous gardez en mémoire. C’est le cas d’Une vie de photographie de Stephen Shames (église des Dominicains). Un beau noir et blanc, soixante ans de photos de par le monde, mille rencontres dont Martin Luther King et Stephen Hawkings. Le photographe s’intéresse aux parias de la société. Le fil conducteur, ce sont les enfants en détresse, les violences, la maltraitance… on voit aussi les Black Panthers. Chaque photo vous accroche, vous embarque dans une histoire.

Gaza, toujours

Visa 2025 n’aura pas fait l’impasse sur la tragédie du peuple palestinien, deux expositions et lors de la soirée du vendredi une longue séquence en images et le détail des projets machiavéliques de Trump et Netanyahou. Curieusement, pas une fois n’a été prononcé le mot de génocide.

Concernant les expositions, nous avons évoqué celle de Fatma Hassona, jeune photojournaliste tuée par l’armée israélienne.

Il faut voir (également aux Minimes) celle de Saher Alghora, Sans issue, bande de Gaza, 7 octobre 2023- 18 mai 2025. Un titre inspiré du poème Memory For Forgetfullness de Mahmoud Darwich écrit en 1982 lors du siège de Beyrouth. Ces photos disent tout de la tragédie, le désespoir de tout un peuple cerné par la mort, elles vous vrillent le cœur.

Nicole Gaspon

 
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