LE TRAVAILLEUR CATALAN

Enseignement professionnel 

Jeudi 4 mai, E. Macron a officiellement lancé sa réforme du lycée professionnel. Si l’objectif affiché de 100% d’insertion est honorable, les moyens pour y parvenir laissent perplexes.

Comme souvent, les discours lénifiants de Macron sont contredits par ses actes. Il qualifie de cause nationale l’enseignement professionnel, mais le confie aux entreprises locales. Il annonce une revalorisation des enseignants mais les contraint à accepter des missions supplémentaires. 

Une première tentative de réforme de l’enseignement professionnel, en septembre dernier, prévoyant le doublement de la durée des stages en entreprises avait suscité un tel tollé que le gouvernement avait dû reculer. La nouvelle réforme prévoit une augmentation de 50% des stages mais uniquement pour les terminales qui envisagent de poursuivre leurs études en BTS. Pour éviter le décrochage, la motivation par l’argent est revendiquée. Dès la seconde, les stages seront rémunérés  -par l’État et non les entreprises-,  jusqu’à 100€/semaine en terminale. Coût 420 millions.

Carte des formations

Selon E. Macron, la carte des formations doit évoluer au plus près du terrain, c’est à dire que les lycéens doivent se cantonner à leur bassin d’emploi et « renoncer à aller à Paris » (!). Leur formation dépendra donc des besoins économiques locaux et des entreprises locales. Pour les syndicats, les lycéens « ne sont plus considérés comme des élèves en formation, mais comme une main d’œuvre immédiatement exploitable ». Par ailleurs, « les taux d’insertion et de poursuite d’études par filière et par établissement, mis au regard du besoin d’emploi », seront publiés. Et si une formation de mène pas à l’emploi, elle sera fermée.

Revalorisation des enseignants

Les enseignants se voient imposer un Pacte « sur mesure », consistant en deux heures hebdomadaires supplémentaires pour assurer les remplacements de courte durée, cours d’entreprenariat, interface avec les entreprises, etc. Coût 285 millions. Pour les syndicats, ce « travailler plus pour gagner plus » est une provocation et « un déni du travail au quotidien des personnels ».

Pour eux, il ne s’agit pas d’une simple réforme mais d’une transformation radicale de l’enseignement professionnel. Ce projet signe un transfert de la voie professionnelle de l’Éducation nationale vers le ministère du travail. Il est révélateur de la vision utilitariste de la formation professionnelle qui fait fi de « la formation globale entre savoirs généraux et savoirs professionnels ».

Anne-Marie Delcamp

 
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