LE TRAVAILLEUR CATALAN

Du suspense pour un dénouement sans surprise avec la nomination d’Élisabeth Borne pour mener la politique ultralibérale voulue par le Président.

On aura échappé à Catherine Vautrin, chantre de la « manif pour tous », qui pouvait représenter le clin d’œil à la droite et à l’extrême droite, mais c’est du côté du social-libéralisme que le Président a penché. Fin stratège, Emmanuel Macron sait que le danger de remise en cause de sa politique vient essentiellement de la gauche. Il lui faut donc une personnalité présentable, femme certes, et ce n’est que la seconde fois depuis Edith Cresson d’un virage libéral d’une autre époque. Elle est reconnue pour sa compétence à appliquer les décisions impopulaires, et ce depuis suffisamment de temps et avec un certain succès. 

Les réactions

Côté gauche, Fabien Roussel est sans ambigüité : « Privatisation et mise en concurrence de la SNCF et de la RATP, réforme de l’assurance chômage au détriment de plus d’un million d’allocataires, fossoyeuse de Fessenheim : avec Elisabeth Borne, Macron a trouvé sa Mme Thatcher. ». Et Jean-Luc Mélenchon confirme : « L’une des figures les plus dures de la maltraitance sociale… ». Mêmes réactions d’Olivier Faure. C’est plus timide chez les écologistes qui se félicitent que ce soit une femme, certes trop libérale. 

Côté droite extrême, c’est plutôt la cacophonie avec Éric Ciotti, député PACA, critiquant le choix d’une « technocrate socialiste » et Nadine Morano, députée européenne LR, qui n’en rate pas une : « À gauche, aux ordres, et pas d’ombre au président… le profil idéal ».

Côté extrême droite, l’exercice de confusion sulfureuse se poursuit, Eric Zemmour invoquant « une soumission à la gauche » et Marine Le Pen s’accrochant à sa dénonciation de façade : « Emmanuel Macron démontre son incapacité à rassembler et la volonté de poursuivre sa politique de mépris, de déconstruction de l’État, de saccage social, de racket fiscal et de laxisme. » Le camp macronien et la droite applaudissent au travers des propos de Valérie Pécresse : « Elle a incontestablement le parcours d’engagement nécessaire pour devenir la 2e femme Premier ministre de notre pays. Je lui souhaite le meilleur pour la France. » 

On passera sur les félicitations protocolaires sans surprise de ses collègues du gouvernement précédent sachant que désormais le choc frontal entre l’espérance d’un vrai changement à gauche et la continuité anti-sociale a trouvé son terrain de jeu.

Yvon Huet

 
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