LE TRAVAILLEUR CATALAN


Réduction du budget des Sports, manque d’équipements, altération du pass’Sport…, l’héritage promis après les Jeux Olympiques de Paris en 2024 est à mille lieux des promesses présidentielles.

Promis à grand renfort de communication, le legs matériel et immatériel des Jeux censé profiter à toute la nation est loin d’être évident et les coupes budgétaires du budget des sports ont accéléré ce délitement.

« Le legs des Jeux… », ce sont des termes beaucoup entendus avant, pendant et après les JO de 2024. Mais surtout des mots-valises très pratiques dans lequel on peut tout mettre, … surtout du vent ! Car un an après les Jeux, cet héritage promis, présenté sous son meilleur jour à grand renfort de communication, laisse un goût amer.

Au niveau matériel, si l’État a beaucoup communiqué sur un plan doté de 200 millions d’euros pour la construction de 5 500 terrains de sport de proximité en France, dont « 68 % en territoire rural carencé », c’est plusieurs milliards d’euros qu’il aurait fallu injecter pour remettre à niveau un parc vieillissant de 300 000 infrastructures sportives, dont plus d’un tiers date d’avant 1985. Une proportion qui monte à 62 % pour les 4 000 piscines.  Et, hors de la couronne parisienne, très rares ont été les équipements nouveaux créés grâce aux Jeux.

La « nation sportive » d’Emmanuel ?

Surtout, dès la rentrée scolaire de 2024, plusieurs milliers d’enfants sont restés à la porte des clubs faute de places ou d’équipements. Quant aux trente minutes d’activité physique en primaire, elles sont appliquées par moins de la moitié des écoles, les instituteurs n’étant pas formés pour ça. Sur la pratique sportive, autre héritage immatériel promis, le nombre global de licences avait augmenté de 3,8 % par rapport à 2023, mais il est déjà en train de chuter. « Tous les retours d’associations et de clubs montrent qu’on revient à l’état antérieur avant les Jeux », indique Michaël Attali, historien du sport à l’université Rennes II. La douche froide budgétaire post-JO a vite relégué aux oubliettes l’objectif d’Emmanuel Macron de faire de la France une « nation sportive ». Finalement, la « mission sport » du ministère a été dotée pour 2025 d’un budget de 593 millions d’euros, contre 775 millions en 2024. Et le pire est à venir. « Le plafond de crédits envisagés au sein du périmètre des dépenses de l’État prévoit une nouvelle baisse drastique de 17,6 % des crédits alloués au sport, à la jeunesse et à la vie associative », s’étrangle le Comité national olympique et sportif français (Cnosf) à l’approche du premier anniversaire des JO.

Le coup de grâce du pass’Sport

Dans ce contexte, l’exclusion des 6-13 ans du pass Sport (50 euros), alors qu’il constitue une aide pour 1,6 million de personnes, a très mal passé. Gommée par ce dispositif, la discrimination financière va ressurgir et une rupture dans l’accès précoce à la pratique sportive est à craindre. Le Cnosf fustige un « déclassement » et appelle le monde du sport à s’unir contre ces coupes. « À travers ce projet de loi de finances 2026, c’est toute une génération, tout un modèle, tout un héritage que l’on piétine. Les Jeux n’auront duré qu’un été alors que leur promesse, elle, devrait vivre encore longtemps. »

René Granmont

 
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