
© Loay Ayyoub pour The Washington Post Lauréat du Visa d’or de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2024.
Visa off
Dans cette édition 2024 qui se clôt dimanche 15 septembre et qui aura marqué, la tragédie de Gaza est apparue comme le sujet majeur.
Plus que le week-end pour visiter les vingt-six expositions déployées dans Perpignan, pour découvrir les multiples facettes de ce monde en déshérence. Durant ces deux semaines, les lieux d’exposition n’ont pas désempli, de même les longues queues ont été la règle lors de six soirées de projection au Campo Santo. Toujours beaucoup de public, également, lors des séances en journée au Palais des congrès. Visa, à l’évidence, ça marche toujours et ce depuis 35 ans. Revenons sur quelques aspects éléments notables.
Les femmes résilientes
C’était le thème d’une projection d’Arte reportage. On y voyait, filmées en caméra cachée, de jeunes femmes afghanes animant une radio (Begum), fréquentant des écoles secrètes, se baladant tranquillement entre amies. C’est leur façon de résister à l’obscurantisme imposé par les Talibans, inventer, contourner les lois iniques. Chapeau à ces femmes, chapeau à Solène Chalvon-Fioriti la photojournaliste pour qui montrer le combat de ces femmes est essentiel.
Il n’y a qu’à Visa qu’on découvre ces très jeunes femmes photo reporters qui n’hésitent pas à braver tous les dangers, comme de s’installer à Kaboul, pour nous faire connaître la vie là-bas. Elles sont impressionnantes.
L’envers du rêve américain
Venice, Californie, l’exposition de Karen Ballard à la Maison de la Catalanité, est un condensé de l’Amérique d’aujourd’hui, très riches, branchés y côtoient junkies, sans abris. Un reportage superbe et éclairant.
Au fil des projections
Beaucoup de reportages au cours des soirées, un peu trop, parfois, on peut s’y noyer, mais beaucoup de choses intéressantes.
La soirée du jeudi a fait une large place au conflit Israël-Palestine, avec les précautions d’usage de Jean-François Leroy, « du factuel ». En dépit de tout, les images ont parlé, l’horreur du 7 octobre, la tragédie de Gaza qui dépasse tout et qui n’est malheureusement pas que d’aujourd’hui. La séquence s’ouvrait sur les images de Kai Wiedenhöfer, disparu cette année, qui documentait Gaza voici 10 ans. Difficile d’oublier les regards éperdus de ces enfants, leurs blessures, les larmes des femmes, les immeubles éventrés…
On n’oubliera pas non plus Loay Ayyoub photographe palestinien lauréat du Visa d’or Rémi Ochlik, même s’il n’a pu venir à Perpignan. Auteur d’un reportage sublime, son courage, sa force, à côté de la petitesse du maire de Perpignan !
Moment épatant, la projection des images de Gwenn Dubourthoumieu, Entre-soi-le séparatisme des riches, en lien avec le livre éponyme de Monique Pinçon-Charlot. Un reportage lumineux sur une réalité bien cachée (la lutte des classes n’est pas morte) et un commentaire savoureux.
Lors de cette soirée également, un traitement remarquable de l’immigration, des propos justes, à des kilomètres du racisme et de l’exclusion, qui ont dû faire grincer les dents des élus RN présents.
Les prix
Les Visa d’or représentent 193 000€, pas mal tout de même, et un beau soutien à la profession.
Carton rouge à Pierre Faure, lauréat du Visa d’or des Solidarités soutenu par le conseil départemental pour la France périphérique qui n’a pas daigné remercier, ni regarder, la présidente du CD, alors que la collectivité lui attribue 8 000€ !
Nicole Gaspon