L’eau

S’il ne pleut pas sous quelques jours le niveau de crise sera atteint dans les Pyrénées-Orientales. 

Malgré les bonnes et exceptionnelles pluies du mois d’avril, la situation de l’eau dans le département est plus que critique. Le niveau d’alerte renforcée est effectif dans plusieurs lieux du département : Aspres-Réart, Tech, bordure côtière nord. Décidé par le Préfet, grâce au suivi permanent des nappes par le syndicat mixte des nappes de la plaine du Roussillon, cela entraîne des restrictions sur l’arrosage, les piscines, le lavage de voitures, l’agriculture. Pourtant c’est sans commune mesure avec ce qui arrivera s’il ne pleut pas dans les jours qui viennent. Le préfet pourrait annoncer le niveau de crise ce qui déclenche un usage exclusif pour l’eau potable. À noter que cela n’est jamais arrivé dans les P.-O. L’eau est donc un trésor précieux auquel il nous faut veiller comme à la prunelle de nos yeux, il faut la respecter, la cultiver, la préserver… 

Des solutions existent !

Nous sommes pourtant le département de la région probablement le mieux doté en eau : trois fleuves qui pratiquement naissent et meurent sur notre territoire, deux barrages (Vinça et Caramany), la retenue d’eau de Villeneuve-de-la-Raho, des kilomètres de canaux d’irrigation, la nappe quaternaire (superficielle) et la nappe pliocène (profonde) présentes quasiment partout. 

Voilà pourquoi il serait irresponsable pour les élus d’attendre année après année les caprices de la météo et les décisions restrictives du représentant de l’État. Comme le propose le conseil départemental aux collectivités et autres producteurs d’eau (77 entités en tout), la création d’un syndicat mixte de sécurisation et de production d’eau potable à l’échelle départementale serait une solution qui atténuerait les risques que le changement climatique fait courir aux nappes profondes.

Un syndicat départemental pour préserver la ressource. 

Beaucoup sont intéressés mais encore plus font la sourde oreille pour des raisons de politique politicienne, c’est le cas notamment pour l’agglo de Perpignan (PMM) et pour Sud Roussillon (Saint-Cyprien). Pourtant aucun secteur du département n’est à l’abri d’une pénurie d’eau, on le voit ces jours-ci. L’idée serait de mailler les territoires et de transporter l’eau depuis les lieux où il y en a, vers les lieux plus en difficultés en fonction des saisons, des besoins, des précipitations. Pour l’heure sous l’impulsion de cette structure de type Sydetom (pour les ordures ménagères) au sein de laquelle le département ne siégerait pas afin de pouvoir le financer, une stratégie serait mise en œuvre pour récupérer 20 millions de mètres cubes d’eau sans puiser dans le pliocène. Cinq millions dans le karst des Corbières, une dizaine de millions dans la retenue d’eau de Villeneuve qui serait alimentée par un aqueduc venant de Vinça, les cinq autres millions pourraient venir de certains quaternaires riches et du rendement des réseaux et les économies d’eau. 

Nicolas Garcia
Maire d’Elne, premier Vice-président du Département en charge de l’eau et président du Syndicat mixte des Nappes de la Plaine du Roussillon.