
L’adhésion à l’OTAN apporte un remède empoisonné à l’angoisse de la Finlande et de la Suède face à la menace russe.
La démonstration de force de la Russie qui a survolé les espaces aériens finlandais et suédois, les sanctions – arrêt de l’exportation d’électricité vers la Finlande – l’opposition de la Turquie….. rien de tout cela n’aura freiné le Comité présidentiel de Finlande dans sa demande d’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ce dimanche 15 mai. Avec l’invasion de l’Ukraine, le soutien populaire à l’OTAN est monté en flèche. Avant février 2022, l’opinion publique finlandaise y était clairement opposée. La Suède ouvre aussi la voie à l’adhésion. Les deux pays ont fait une demande conjointe. La Première ministre, Sana Marin du Parti social-démocrate finlandais (SPD), aura rondement mené l’affaire. Antti Lidtman, présidente du groupe parlementaire SPD majoritaire a précisé : «La Russie est devenue impitoyable, agressive et imprévisible. Il ne faut pas être seuls avec la Russie. Sécurité et paix sont les choix les plus importants pour le SPD.» Le Parti du Centre et les Verts qui siègent au parlement ont aussi changé d’opinion.
Affolement en Finlande, des opinions favorables à l’OTAN
Pays indépendant seulement depuis 1917, La Finlande, du fait de ses 1340 km de frontières avec la Russie, a toujours fait profil bas et a dû céder des territoires aux Soviétiques en 1920 et 1940. Certains résistent malgré tout à l’appel des sirènes de l’alliance Atlantique, comme le politologue finlandais Teivo Teivainen. Il précise : « En Finlande, parmi les partis ayant une représentation parlementaire, le seul qui ne soutient pas majoritairement l’adhésion à l’OTAN est l’Alliance de gauche, Vasemmistoliitto, gauche écosocialiste (au sein de laquelle le Parti communiste finlandais a fusionné en 1992). Il est possible qu’elle propose d’en limiter la portée en exigeant par exemple qu’aucune arme nucléaire ne soit installée sur le territoire finlandais ».
L’opinion publique est devenue massivement anti-russe dès l’invasion de la Géorgie, mais à Helsinki la population ne semble pas inquiète. On pense que Poutine ne va pas attaquer un autre pays. En dehors de la capitale, la société finlandaise se militarise. Pourtant, en quoi l’OTAN va-t-elle améliorer la situation, si ce n’est en amplifiant le pouvoir destructeur et meurtrier de la guerre ?
Quant aux Suédois, ils ont longtemps considéré la Finlande comme une sorte de zone tampon contre la Russie. Aujourd’hui, l’adhésion à l’OTAN est-elle compatible avec la tradition neutraliste et pacifiste suédoise ? « Sur le plan de la sécurité, on est davantage dans le symbole et l’affirmation que dans le travail de fond » a commenté Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales. Il estime que l’adhésion à l’OTAN donne un argument en or à la propagande de Poutine.
V. D.